
L’Apec s’engage en faveur de l’inclusion des seniors
« Explorer des chemins nouveaux », telle est en quelque sorte la devise de l’Apec, selon les termes de son directeur général Gilles Gateau, qui expérimente constamment de nouveaux dispositifs pour endiguer le chômage de ses adhérents.
Ainsi, après « Objectif premier emploi », une formule lancée depuis septembre dernier pour mettre le pied à l’étrier des jeunes diplômés, pénalisés par la crise sanitaire, l’Association pour l’emploi des cadres s’intéresse cette fois aux plus âgés avec « Talents seniors ». Il faut dire que 40 % des cadres inscrits à l’Apec ont plus de 45 ans et ont pour la plupart d’entre eux « passé toute leur vie dans la même entreprise », souligne Gilles Gateau. Les seniors sont également « surreprésentés » parmi les demandeurs d’emploi longue durée.
Constituer plus de 350 binômes
« Talents seniors est un dispositif inédit de parrainage entre des acteurs économiques locaux et des cadres seniors en recherche d’emploi », a expliqué Bruno Jonchier, directeur du réseau Apec, lors du lancement de la deuxième édition de Talents seniors, le 23 mars.
En effet, après une expérimentation de mai 2019 à juin 2020 dans deux régions, Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la formule, qui a fait ses preuves, va être déployée tout au long de l’année 2021 dans cinq nouveaux territoires : l’Ile-de-France, les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine, le Grand Est et l’Occitanie, « avec un engagement de constituer plus de 350 binômes cadres et parrains/marraines », a indiqué Bruno Jonchier.
En un an, à l’issue de ces deux expérimentations qui ont mobilisées 152 cadres seniors et 140 entreprises, 65 % de ces cadres ont trouvé une activité (salarié, auto-entrepreneur) et un sur deux un CDI. Outre le soutien moral et technique par le biais d’ateliers mensuels, la réussite du dispositif tiendrait au fait, selon les cadres sans emploi qui l’ont expérimenté, « qu’il permet de dédramatiser la recherche d’emploi » et de « sortir de la victimisation », sans compter qu’il « redonne de la confiance en soi et de l’énergie ».
Miser sur la complémentarité
« Les cadres parrains mettent leur réseau au service de leur filleul », a de son côté fait valoir Didier Fauquet. Ce consultant en développement professionnel à l’Apec explique ainsi que « le réseau est primordial, car le CV est souvent un barrage pour les seniors », d’emblée pénalisés par leur âge. Tout l’enjeu consiste donc à « valoriser et faire reconnaître les talents et l’expertise des cadres seniors », ce que le parrainage par des actifs rend possible.
Et cela est d’autant plus crucial alors que la situation de l’emploi des seniors avait plutôt tendance à s’améliorer, puisqu’en en dix ans, le taux d’emploi des seniors est passé de 46 % à 56 %. « Attention à ce qu’il n’y ait pas de coup d’arrêt dans cette amélioration », a alerté Gilles Gateau. Le risque est réel, car en période de crise, les arbitrages par les coûts financiers s’opèreraient plutôt en défaveur des salariés les plus âgés. Aussi, le défi est de convaincre de « la valeur de l’apport des seniors, mais sans jouer une catégorie d’âge contre une autre et miser sur la complémentarité », a argué la philosophe Cynthia Fleury.