
Les prévisions de recrutement de cadres revues à la baisse en raison du conflit russo-ukrainien
Vague épidémique liée au variant Omicron, difficultés d’approvisionnement en matières premières, puis début du conflit russo-ukrainien… le début de l’année 2022 a donné un coup de frein à la reprise soutenue de fin 2021 et est venue saper le moral des dirigeants. Ainsi, la confiance des entreprises dans l’évolution de leur carnet de commandes (72 %) a reculé de six points en trois mois, mais elle reste toutefois à un niveau élevé, de sept points au-dessus de celui de début 2021. Seules 10 % des entreprises redoutent une dégradation de leur activité à court terme. « Les entreprises industrielles sont dans une configuration différente », souligne l’Apec dans son baromètre du 2e trimestre 2022 diffusé le 27 avril. « L’altération de leur confiance est plus marquée (67 %, – 12 points en trois mois, – 3 points sur un an) dans ce secteur qui anticipe davantage de dégradation de l’activité dans les trois mois à venir (15 %, + 6 points) ».
Les offres d’emploi de cadres ont également conservé une bonne dynamique au cours du 1er trimestre, progressant de 16 % par rapport au trimestre précédent, soit 168 900, et de 11 % par rapport au 1er trimestre 2019 (152 100). En Ile-de-France, avec 59 791 offres d’emplois de cadres au 1er trimestre 2022 contre 40 732 au 1er trimestre 2021, leur nombre a certes bien augmenté en un an, mais sans atteindre encore le niveau de 2019 (62 265 offres d’emplois de cadres, – 4 %). Dans le top 5 des métiers concentrant le plus d’offres dans la région Capitale, figurent le développement informatique, la comptabilité, la gestion de projets informatiques, le recrutement et la gestion de carrière, puis les infrastructures et systèmes informatiques.
La proportion des entreprises ayant finalisé au moins un recrutement de cadre début 2022 a aussi progressé (13 % ; + 3 points), notamment dans les services à forte valeur ajoutée (+ 11 points). « Si les grandes structures sont restées les plus nombreuses à recruter (62 % ; – 1 point) ce sont les TPE (8 % ; + 5 points) et les PME qui ont porté la dynamique (20 % ; + 3 points) », commente l’Apec.
Des tensions sur les recrutements toujours élevées
Dès lors, les tensions sur les recrutements sont restées élevées puisque 69 % des entreprises ayant embauché des cadres au 1er trimestre jugent qu’il a été effectivement difficile de le faire, soit huit points de plus qu’au trimestre précédent. Et malgré la frilosité ambiante, la grande majorité des entreprises a des postes de cadres à pourvoir, qu’il s’agisse des TPE (71 %), des PME (57 %) ou des grands groupes (61 %).
Dans ce contexte, les intentions de recrutement pour l’année 2022 sont revues à la baisse en France : 282 000 projets d’embauches de cadres sont prévus cette année contre 289 300 annoncés fin 2021. Alors que ces prévisions de recrutement auraient dû progresser de 3 % par rapport à 2019 (année de référence pré-Covid) et de 8 % par rapport à 2021, elles permettent tout juste de retrouver le niveau d’avant crise sanitaire, soit 281 300, et progresseront malgré tout de 5 % comparé à l’année passée (269 100). En Ile-de-France, si avec 134 600 intentions d’embauches de cadres, soit près de la moitié du total des projets prévus en France, celles-ci restent très élevées, elles demeurent stables par rapport à 2019 et progressent de 5 % comparé à 2021.
Seules trois régions seraient épargnées en France par le recul des projets d’embauches par rapport à 2019, à savoir la Bretagne (+ 11 % par rapport à 2019), Provence-Alpes-Côte d’Azur (+ 5 %) et la Nouvelle Aquitaine (+ 2 %).
Parmi les grandes entreprises, qui sont celles qui emploient le plus de cadres, plus d’une sur deux (58 %) compte réduire ses intentions de recrutement (- 9 points), alors que celles-ci ne baissent que de 3 points dans les PME. Si elles diminuent dans l’industrie (- 3 points à 11 %), elles se maintiennent dans les services (20 %). Cependant, malgré cette correction, les intentions de recrutement, notamment des grands groupes, restent au-dessus du niveau enregistré les trimestres précédents (+ 9 points par rapport à juin 2021, + 3 points par rapport à septembre 2021). « Le volume d’offres d’emploi cadre devrait toutefois rester élevé au 2e trimestre 2022 », anticipe Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. La part d’entreprises prévoyant de publier des offres d’emploi cadre se maintient à 11 % et les entreprises des services à forte valeur ajoutée s’annoncent particulièrement actives (18 % ; + 4 points).